-- Galerie Iris Clert --
Iris Clert née Iris Athanassiadis à Athènes en 1917 ou 1918 (la date exacte de sa naissance n'est pas connue), morte à Cannes en 1986, est une galeriste d'art contemporain d'avant-garde, qui a largement participé à l'émergence du mouvement du Nouveau réalisme. À travers ses nombreuses et spectaculaires expositions, Iris Clert a découvert et fait connaître certains artistes majeurs de l'avant-garde de la fin du XXe siècle.
Iris Athanassiadis est issue d’une famille grecque et bourgeoise, exilée à la suite de la Catastrophe de Smyrne (massacre de milliers de Grecs et d’Arméniens à Smyrne en Turquie) ; elle vit jusqu’à l’âge de 5 ans à Athènes. Sa mère fuit la Grèce. Au rythme des exils maternels, Iris découvre Vienne et Paris. Polyglotte et révolutionnaire, elle s’engage dans la Résistance de 1939 à 1945 aux côtés de son mari, Claude Clert.
En 1955, elle fait la rencontre décisive du sculpteur Takis, lors d’un voyage dans l'île de Mykonos. Elle se laisse vite persuader d’ouvrir une galerie à Paris. En juillet de la même année, elle organise sa première exposition, Galerie du Haut Pavé à Paris, dirigée par le Père Vallée. Y sont exposés deux artistes grecs: Takis et Tsingos.
Iris Clert ouvre sa première galerie, en février 1956, au 3, rue des Beaux-Arts à Paris, et y présente entre autres les artistes Camille Bryen, Laubiès et Asger Jorn. En 1957, elle fait la rencontre d’Yves Klein et prend conscience d’un destin à accomplir : «faire jaillir l’étincelle qui allait faire exploser cet art à son déclin, reflet d’une civilisation qui périclite.» De 1957 à 1960, elle joue un rôle prépondérant, aux côtés de Pierre Restany, dans la promotion des Nouveaux Réalistes. De l’Exposition du Vide d’Yves Klein en 1958 à l’Exposition du Plein d’Arman en 1960, elle aide ces artistes à produire un art de rupture et sa galerie devient le lieu d’expérimentations et de collaborations internationales.
En 1962, Iris Clert transfère sa galerie rue du Faubourg-Saint-Honoré, dans un espace plus prestigieux, et présente successivement Gaston Chaissac, Ad Reinhardt, Pol Bury, Lucio Fontana, Yolande Fièvre, Bernard Quentin et Raymond Hains. En 1964 elle crée l’événement avec sa biennale flottante a Venise. Elle conçoit l’Iris-Time, une revue artistique et pamphlétaire, qu’elle publiera jusqu’à l’aube des années 1980. Malgré l’échec financier de sa galerie qu’elle ferme en 1972, elle acquiert le Stradart, «Le Poids Lourd Culturel» (un camion Berliet dont le hayon, en plexiglas, fait office de cimaises ambulantes), se lance à son volant dans un tour de France et affirme ainsi son désir de démocratiser l’art contemporain, de le faire descendre dans la rue. En 1970, elle emménage dans une petite galerie en étage, rue Duphot, dans le quartier de la Madeleine.
En 1980, elle crée le C.A.R.A.T., Centre d’animation et de recherche artistiques transcendantales, à Neuilly-sur-Seine, dernière manifestation de son inclinaison pour l’ironie et de l’anticonformisme.
Iris Clert a défendu, imposé et popularisé un art conceptuel alors marginal, voire violemment rejeté par la critique et le public. L’aventure de la Galerie Iris Clert n’a jamais emprunté les chemins balisés : chaque vernissage était ponctué d’une descente de police, chaque accrochage dénoncé par la presse, chaque démarche empêchée par la préfecture. Iris Clert a multiplié les fêtes et les expositions dans sa petite galerie de la rue des Beaux-Arts, puis rue du Faubourg-Saint-Honoré: Micro-Salon, avec 113 artistes exposés dans sa galerie de 12 m2 ; éclairage de l’Obélisque de la Concorde en bleu Klein (IKB); exposition du Vide d’Yves Klein, dans une galerie entièrement nue, et deux mille invités médusés, conviés à contempler, «de toute leur présence affective» un «pur espace de sensibilité»; exposition du Plein d’Arman, avec plusieurs tonnes d’ordures remplissant la galerie; organisation d’une Biennale sauvage et parallèle à Venise, dans un palais baroque, puis dans un bateau-galerie; accrochage d’un tableau géant sur la tour Eiffel; achat d’un poids lourd en plexiglas, transformé en galerie ambulante.
Anti-conformiste, provocatrice, Iris Clert a fait de chacune de ses expositions, chacun de ses vernissages un événement. Son sens du happening, sa manière très personnelle de vendre tableaux et artistes ont participé de l'évolution des rapports entre artistes et marchands.
MÉMOIRES SONORES D'IRIS CLERT : Coffret de six cassettes audio, entretiens avec Ralph Rumney. Avec la participation de Takis, Pierre Restany, Harold Stevenson.
IRIS-TIME, L'ARTVENTURE, éditions Denoël, 1975, réédité en 2003.
Fonds d'archives de la galerie Iris Clert, déposé à la Bibliothèque Kandinsky du Centre Pompidou à Paris.
.