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oboem bordeaux

  • Remplacer la publicité par l'art

     
    La plateforme de financement participatif Oboem propose de remplir les panneaux
    d'affichage d'habitude réservés à la publicité par des œuvres d'art.
     Par Mathilde Gaudechoux  le 04/09/2017 
     
    Démocratiser l'art et reprendre le contrôle de l'espace urbain. Voici le défi de la start-up Oboem. Celle-ci propose aux internautes de financer des campagnes d'affichages pour remplacer la publicité qu'on voit sur les panneaux dans la rue, par des oeuvres d'art.
     
    Lancée fin juin 2017, la première campagne de financement participatif court jusqu'au 30 septembre. L'objectif: afficher 18 artistes pendant une semaine sur 200 panneaux dans les rues de Bordeaux. Coût de l'opération: 12.000 euros (il faut compter 7000 euros en moyenne à Bordeaux pour une semaine pour une centaine de panneaux). En parallèle, les fondateurs d'Oboem cherchent à se faire entendre auprès de la mairie pour qu'elle mette à disposition quelques panneaux pour les artistes.
     
     
    Les internautes ont réservé un bon accueil à cette initiative bordelaise qui compte déja une centaine de mécènes. Franck, 23 ans, est l'un d'entre eux: «On voit de la publicité, partout, tout le temps. L'idée de détourner le support du panneau publicitaire pour y mettre des œuvres d'art à la disposition de tous, m'a conquis!»
    En France, ce n'est pas une première. Beaucoup de collectifs d'artistes ont déja lancé des initiatives semblables, mais l'enjeu d'Oboem est de péréniser la formule. «Nous ne voulons pas lancer des opérations éphémères, ponctuelles, mais développer l'affichage d'art dans la rue, renouveler les œuvres, mais en proposer continuellement», explique Oliver Moss, l'un des fondateurs de la start-up.
     
    C'est au cours d'un voyage en Amérique latine avec sa petite amie Marie Toni que l'idée a germé. Le couple se rencontre à Paris en 2015. Chacun quitte son travail quelques mois après. Marie et Oliver découvrent onze pays en 1 an. «C'est le Chili et plus précisément la ville de Valparaiso, la Vallée du Paradis, qui nous a le plus marqués, explique Oliver. Valparaiso est une ville portuaire et la légende raconte que les habitants récupéraient les restes de peintures qui servaient aux bateaux pour colorer les rues. Là-bas, il y a beaucoup de fresques. Les rues sont très colorées, et quand on est rentré en France, tout nous semblait bien gris en comparaison.» Une révélation, pour eux, qui souhaitaient déja créer leur propre entreprise.
     
    Pour Oliver, l'art et la créativité peuvent «inspirer les gens, changer beaucoup de choses, de trajectoires, donner une autre dimension à la ville». En somme, apporter de la visibilité aux artistes est un enjeu de société. Pour Félix Hemme, 40 ans, artiste peintre, Oboem est une belle opportunité. Il rêve de pouvoir faire des expositions massives avec plein d'artistes et rendre aux villes leurs couleurs.
     
    Dans cette première opération de financement, Marie et Oliver ont choisi eux-mêmes les artistes, s'appuyant uniquement sur leurs émotions. «Nous ne venons pas du monde de l'art. Et comme l'idée est de rendre l'art accessible à tous, nous ne voulions pas des œuvres trop abstraites, trop difficiles à comprendre. Ceux qui n'ont jamais franchi le seuil d'une galerie d'art mais qui attendent leur bus doivent avoir la possibilité d'admirer une œuvre», affirme Oliver. Un regard non expert et naïf sur l'art qui sert bien la cause d'Oboem.
     
    Les deux fondateurs ne souhaitent pas s'arrêter en si bon chemin. La prochaine opération ne se déroulera pas nécessairement à Bordeaux. Ils veulent s'étendre, toucher d'autres villes françaises, et pourquoi pas européennes.

     Félix Hemme

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