Rituel païen de Noël !
Quelques jours avant Noël, souvent le 20 décembre, c’est le rituel du sacrifice du cochon. Le sacrifice rituel d’un animal marque le passage du temps profane au temps sacré. Il purifie le temps présent et lui donne une touche solennelle en créant un cadre spirituel qui facilite le contact entre le monde réel et le monde d'en haut. Il est censé attirer la bienveillance des divinités afin d'obtenir leurs forces bénéfiques. Ce sacrifice était présent chez les Grecs, les Romains, les Thraces, les Celtes, les Egyptiens, les Perses, les Hindous, dans les religions polythéistes ainsi que dans les trois grandes religions monothéistes.
Le cochon était considéré dans les cultures anciennes comme un animal sacré et emblématique. Cette symbolique était portée par des dieux comme Osiris (dieu du monde végétal et animal chez les Egyptiens), Demeter et Persephona (dieux agraires chez les Grecs) ou Céres (déesse romaine du blé). Le cochon leur était sacrifié de manière rituelle dans des cérémonies publiques de grande ampleur, suivies par des repas publics où les gens en consommaient des quantités importantes, convaincus qu'ils seraint purifiés et qu’ils hériteraient de la force de l’animal sacrifié. L'anthropologue J. G. Frazer suppose que le cochon est une réincarnation du dieu grec Adonis qui symbolise la mort et la renaissance cyclique de la végétation.
Les chrétiens ont adopté ces rites païens et ont intégré le rituel du sacrifice du cochon comme faisant partie de la période qui prépare la grande fête religieuse de la Nativité. Avant le christianisme, le 25 décembre était le jour du début d’un cycle de 12 jours de fêtes qui accompagnait le passage de l’an ancien au nouvel an, une période de renaissance et renouveau du temps astronomique. Durant cette période de 12 jours, les paysans avaient terminé un cycle biologique agraire et se préparaient pour le suivant. Ils pratiquaient ainsi divers actes rituels porteurs de chance, de purification et de guérison. Le sacrifice du cochon était alors une offrande adressée aux forces suprêmes, en guise remerciement pour la récolte obtenue et en préparation de celle à venir.
La fin d’une nuit de pleine lune si possible, et très tôt le matin, était le temps propice à beaucoup de pratiques rituelles. L’endroit du sacrifice était délimité par une ligne ou un cercle magique autour de l’autel. L’animal aspergé d’eau bénie était couché par terre avec la tête tournée vers l‘est. Une fois tué et nettoyé, on incisait sur son front une croix sur laquelle on plaçait du sel comme symbole de pureté et de protection de la maison. Une demande de pardon et d'aide était alors formulée au dieu pour le paysan et sa famille.
Aujourd'hui, chez les orthodoxes, le pope détient un rôle important pour le profane. Dans les fermes, il transfigure le repas en acte sacré. La tradition populaire veut qu’il soit récompensé par le paysan avec une partie importante du cochon: la peau ou la langue, comme dans l’antiquité grecque, où pour les sacrifices faits au nom d'Hermès, le prêtre recevait la langue de l’animal comme symbole de communication entre lui et les divinités.
Le sang du cochon possède également une importante signification rituelle. Les anthropologues ont relevé sa dimension régénératrice en l'identifiant au symbole même de la vie.
Le rituel du sacrifice du cochon se clôture par un repas pris en commun. Dans l'antiquité, le repas se déroulait en silence et dans une atmosphère solennelle. De nos jours, bien qu’une partie de ces traditions soit encore conservée par endroits, le repas se déroule plutôt dans la joie arrosée de vin et de raki. Les discussions sont vives et les bonnes blagues improvisées sur l’animal et son heureux et généreux propriétaire fusent de partout. via La-Grèce.com